La maltraitance de l’enfant autiste par la méthode ABA

La punition de l’enfant autiste fait bel et bien partie de la méthode ABA. Fessée, choc électrique, son ou odeur désagréable. Ces punitions sont non seulement considérées comme efficaces mais aussi, nécessaires et inévitables. Alors que les punitions comme « dire non » sont inefficaces ou aggravent le comportement contre lequel les auteurs luttent. Une lecture critique de l’ouvrage de Catherine Maurice.

Mon commentaire est une lecture critique d’un extrait de l’ouvrage suivant : Intervention béhaviorale auprès des jeunes enfants autistes, sous la direction de Catherine Maurice, avec Gina Green et Stephen C. Luce, éditions de la Chenelière, De Boeck, Bruxelles, 2006

L’extrait en question peut être consulté en suivant ce lien : http://tinyurl.com/7wrus5r

Les premières recherches destinées à trouver une méthode permettant de modifier le comportement des enfants autistes, en particulier à réduire la fréquence des stéréotypies et des automutilations, ont été réalisée entre 1960 et 1970.

Le fait que ces méthodes puissent « paraître négatives » serait excusable car les recherches réalisées après les années 1970, ne « contiennent guère d’exemples de punition » et que « comme nous ne savions rien sur l’autisme », il était « inutile de songer à modifier le comportement autistique ».

Donc, entre les années 1970 et les années 1970, les punitions ont été utilisées car, de toute façon, leur auteur ne s’attendaient pas à ce qu’elles « modifient » le comportement de l’enfant.

Avec les méthodes arrivées après les années 1970, la punition reçoit une définition plus large, « fonctionnelle ». Il s’agirait de toute méthode susceptible de diminuer la fréquence d’apparition du comportement contre lequel on lutte. Pour intégrer ces méthodes parmi la catégorie des punitions, il faut et il suffit que la fréquence du comportement diminue ensuite. Le terme de « aversif » vient signifier « l’effet sur la personne » qui peut être « nuisible, désagréable ou douloureux » (Lovaas et Favell, 1987). Le stimulus aversif ne sert pas forcément de punition si la fréquence du comportement ne diminue pas ensuite.

Donc, les auteurs prétendent ne plus utiliser la punition, car ce ne serait plus la même punition.

Mais, parmi ces méthodes « fonctionnelles », les « chocs électriques immédiats, la fessée ou l’introduction d’un son, d’une odeur ou d’un goût désagréable » sont bel et bien présents en tant « punition ».

De ce point de vue, il n’y a aucune nouveauté dans la méthode.

Les auteurs constatent que les « châtiments corporels tels que la fessée étaient d’usage plus courant à cette époque » (avant les années1 970). Mais, ils reconnaissent aussi continuer à utiliser la punition.

Le choc électrique est utilisé en raison de se « effets douloureux » mais, il présenterait « l’avantage » que « l’intensité de la douleur peut être contrôlée ».

Les auteurs prétendent que « aujourd’hui, nous n’avons plus besoin des méthodes douloureuses préconisées lors des premières mises en application de certaines interventions aversives ». Toutefois, Lovaas en 1987, note tout de même, après 1970, que « quelques enfants de son groupe expérimental ont été l’objet de punitions corporelles ».

D’ailleurs, « il s’avère parfois nécessaire de préconiser certaines méthodes qui, sur le plan comportemental, sont perçues comme des punitions ».

Enfin, « en de rares occasions, il semble n’exister aucune autre solution que les méthodes de punition ».

Donc, non seulement, les auteurs continuent à pratiquer la punition. Mais encore, ils considèrent que la punition est « nécessaire ». Rien dans leur esprit n’est en place pour les détourner de la punition.

Mais en plus, comme il n’existe « aucune autre solution », les auteurs se sentent obligé à pratiquer la punition.

Mais, puisque le superviseur « a déjà vécu ce genre de situation », que ces méthodes de punition sont misent en place « sous la supervision d’un professionnel » et que cette supervision sera « examinée par au moins deux experts en analyse du comportement travaillant pour une agence qui a accès à un comité des droits de la personne », tout va bien !

Rien à craindre, n’est-ce pas ?

Si le choc électrique est présenté comme « très efficace », la punition comme « dire non » ne semble pas donner les mêmes résultats. « Il est très ardu d’éliminer un comportement pour de bon, tout comme d’administrer une punition avec efficacité, notamment parce qu’elle abouti rarement à un changement durable, peu importe le cadre. En outre, la punitions déclenche parfois un autre comportement perturbateur (Favelle et Greene, 1981 ; Luce et Christian, 1981) ».

Donc, le stimulus aversif aggrave et complique le comportement qu’il est pourtant destiné à diminuer.

De plus, comme les punitions ne sont plus les mêmes qu’en 1970, parce que il y a aussi les punitions fonctionnelles comme « dire non » . Mais, les punitions comme « dire non » ne fonctionnent pas, elle ne diminuent pas la fréquence du comportement. Ou alors elles provoquent un autre comportement. Donc, les nouvelles punitions d’après 1970, ne sont même plus des punitions !

C’est un aveu d’échec. Les punitions « fonctionnelles » comme « dire non », ne fonctionnent pas ou aggravent le comportement. C’est la raison pour laquelle les auteurs en concluent qu’il n’existe « aucune autre solution » que la punition.

Mais, qui parle de maltraitance à enfant ?

On se le demande !