Ne me soignez pas (avec l’ABA), je suis comme ça !

Les autistes du mouvement anti-ABA, plaident pour que l’on abandonne les thérapies comportementales comme ABA ou TEACH, ils souhaitent que l’on tienne compte de leur différence.

Le mouvement anti-ABA ou mouvement « anti-cure » ou encore « Autism Right Mouvement » (mouvement pour les droits des autistes), est animé par les autistes.

Ces mouvements anti-ABA estiment que les méthodes de traitement de l’autisme comme l’ABA ou les ICM (méthodes comportementales intensives), sont « physiquement nuisibles » ou « mentalement nuisibles ». Voire même dangereuses !

Ils s’opposent à ce que le traitement ABA leur soit appliqué: « Ne nous soignez pas, nous ne sommes pas malades ! Nous sommes comme ça ! » (1). Continuer la lecture de « Ne me soignez pas (avec l’ABA), je suis comme ça ! »

le modèle cognitivo-comportemental violemment critiqué aux Etats-Unis comme inefficace, grotesque et quasiment fasciste

Ce n’est pas nouveau, nous le savons depuis bien longtemps en effet, mais cela vaut la peine de le rappeler: “ le modèle cognitivo-comportemental (…) est violemment critiqué aux Etats-Unis comme inefficace, grotesque et quasiment fasciste ” (E. Roudinesco à propos du livre Christopher Lane au sous-titre éloquent : “Comment des comportements normaux deviennent des maladies”).

Commentant ce livre, E. Roudinesco nous éclaire un peu sur les enjeux: rien moins que l’économie de l’industrie pharmaceutique qui sponsorise largement le DSM, un manuel de diagnostic (parfois gracieusement et largement fourni) à l’usage des psychiatres.

Le DSM est un livre dont je me passe très bien tous les jours… Car il ne m’apprends rien sur la clinique, encore moins sur les personnes que je reçois !

Pire, il invente des troubles qui n’existent pas et culpabilise ceux qui ont le malheur de s’y reporter. C’est “ le Manuel 292 maladies imaginaires ”. Ce Manuel, dira un autre, est « un nouveau suspensoir de l’empereur ». Ce sont aussi “ des tableaux sombrement pathologiques, au prix d’oublier que les fous peuvent être vraiment fous ”.

Conclusion: “ Grâce au DSM, nous sommes donc invités à nous considérer comme des malades mentaux, dangereux pour les autres et pour nous-mêmes. Telle est la volonté hygiéniste et sécuritaire de cette grande bible de la psychiatrie moderne ”.

Ci dessous le commentaire de E. Roudinesco sur le livre de C. Lane.

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« Comment la psychiatrie et l’industrie pharmaceutique ont médicalisé nos émotions », de Christopher Lane : la maladie de la médicalisation

Roudinesco E. dans Le Monde des livres, 05 03 2009

u moment où les psychiatres français s’insurgent contre une politique d’Etat qu’ils jugent contraire à leur éthique, voilà que le modèle cognitivo-comportemental qu’ils contestent et qu’ils regardent comme « américain » est violemment critiqué aux Etats-Unis comme inefficace, grotesque et quasiment fasciste. De l’autre côté de l’Atlantique, cette mise en cause ne vient pas des psychiatres, trop soumis au diktat des laboratoires pharmaceutiques, mais des historiens et des écrivains.

En témoigne le livre de Christopher Lane, qui a été un best-seller en 2007. Prenant l’exemple de la timidité, qui n’est en rien une maladie mais une émotion ordinaire, l’auteur, spécialiste de l’époque victorienne et des cultural studies, dénonce la manière dont le fameux DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) – élaboré par l’American Psychiatric Association (APA), puis adopté dans le monde entier à travers l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – a permis, en une trentaine d’années, de transformer en maladies mentales nos émotions les plus banales, pour le plus grand bonheur d’une industrie pharmaceutique soucieuse de rentabiliser des molécules inutiles : contre la crainte de perdre son travail par temps de crise économique, contre l’angoisse de mourir quand on est atteint d’une maladie mortelle, contre la peur de traverser une autoroute à un endroit dangereux, contre le désir de bien manger parfois avec excès, contre le fait de boire un verre de vin par jour ou d’avoir une vie sexuelle ardente, etc.

Grâce au DSM, nous sommes donc invités à nous considérer comme des malades mentaux, dangereux pour les autres et pour nous-mêmes. Telle est la volonté hygiéniste et sécuritaire de cette grande bible de la psychiatrie moderne.

Ayant eu accès pour la première fois aux archives de l’APA, Lane y a découvert des informations étonnantes sur les différentes révisions de ce « Manuel du Père Ubu », censé définir l’homme nouveau du début du XXIe siècle. Entre 1952 et 1968, les deux premiers DSM étaient axés sur les catégories de la psychanalyse, c’est-à-dire sur une nomenclature des affections psychiques qui correspondait à l’étude de la subjectivité consciente et inconsciente : on y distinguait des normes et des pathologies, des névroses, des psychoses, des dépressions, etc.

Mais, à partir des années 1970, sous la pression des laboratoires et des départements de neurosciences, soucieux de réintégrer la psychiatrie dans la neurologie et de créer une vaste science du cerveau où seraient mélangées des maladies dégénératives et des névroses légères, cette approche dite « dynamique », fondée sur des psychothérapies par la parole, fut contestée sur sa droite pour son absence de scientificité biologique et sur sa gauche pour son incapacité à penser l’évolution des moeurs.

Ainsi, en 1973, comme le rappelle Lane, les homosexuels, groupés en associations, exigèrent de ne plus figurer dans le DSM au titre de malades mentaux : ils furent donc déclassifiés à la suite d’un vote. Mais cette décision n’avait rien de scientifique, même si elle était justifiée, puisque l’homosexualité n’est pas une maladie mentale.

« J’AI HONTE POUR LA PSYCHIATRIE »

En conséquence, il fallut procéder à une nouvelle révision du DSM, d’autant que d’autres catégories de citoyens réclamaient, au contraire des homosexuels, d’être pris en compte dans le Manuel : les traumatisés de guerre notamment, désireux d’être indemnisés sans se soucier de savoir si leur problème relevait ou non d’une maladie mentale. On inventa donc, pour les satisfaire, le « syndrome post-Vietnam », qui fut dûment catalogué comme maladie mentale dans le DSM.

C’est alors que, en 1974, le psychiatre Robert Spitzer, enseignant à l’université Columbia, admirateur de la « bio-énergie » façon Wilhelm Reich, fut pressenti pour diriger la troisième révision du Manuel. Convaincu d’être le prophète d’une révolution neuronale de l’âme, il s’entoura de quatorze comités, composés chacun d’une multitude d’experts. Il effectua alors un retour spectaculaire vers le XIXe siècle, réintroduisant dans le Manuel la classification d’Emil Kraepelin (1856-1926), psychiatre allemand contemporain de Freud, ce qui lui permit de rétablir une analogie pourtant largement dépassée entre troubles mentaux et maladies organiques.

Entre 1980 (DSM-III) et 1987 (DSM-III-révisé), la folle équipe de Spitzer procéda à « un balayage athéorique » du phénomène psychique, substituant à la terminologie de Kraepelin celle des psychologues du conditionnement. Les concepts classiques de la psychiatrie furent alors bannis au profit de la seule notion de trouble (disorder), qui permit de faire entrer dans le Manuel 292 maladies imaginaires.

Dans le DSM-IV, publié en 1994, on en comptabilisait 350 et, pour le futur DSM-V, de nouveaux syndromes (rebaptisés « addictions ») seront ajoutés, tels que l’activité sexuelle libertine, l’apathie, l’amour de la gastronomie ou encore le plaisir de se promener pendant des heures sur Internet : « J’ai honte pour la psychiatrie, dira le psychiatre de renom Robert Waugh. S’il vous plaît, il y a assez de choses ridicules dans la psychiatrie pour ne pas offrir des motifs de moqueries supplémentaires. » Ce Manuel, dira un autre, est « un nouveau suspensoir de l’empereur ».

Après avoir lu ce récit, on se demande qui pourra faire barrage un jour à l’expansion de ces thèses aberrantes, comparables à celles du Docteur Knock, et qui ont pour objectif de faire entrer l’existence ordinaire des hommes dans des tableaux sombrement pathologiques, au prix d’oublier que les fous peuvent être vraiment fous.

Pour l’heure, rien ne permet de dire que la démonstration argumentée et convaincante de Christopher Lane puisse être entendue par les psychiatres soumis aux molécules, et qui continuent de croire aux vertus classificatoires de cet étrange Manuel.


COMMENT LA PSYCHIATRIE ET L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE ONT MÉDICALISÉ NOS ÉMOTIONS (SHYNESS. HOW NORMAL BEHAVIOR BECAME A SICKNESS) de Christopher Lane. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par François Boisivon. Flammarion, 384 p., 26 €.

Supériorité de la psychanalyse sur les psychothérapies courtes

L’étude de Paul Knekt et de ses collaborateurs, de l’institut national pour la santé de Helsinki en Finlande, montre l’efficacité de la psychanalyse sur un suivi de 5 ans, ainsi que sa supériorité par rapport aux psychothérapies pour des patients souffrant de dépression ou d’anxiété. Les psychothérapies « courtes » apparaissent dès lors comme des traitements « insuffisants ».

Nous savions déjà que les TCC sont inefficaces et coûteuses : https://efleury.fr/les-tcc-sont-inefficaces-et-coteuses/

L’article de Paul Knekt : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21316768

Continuer la lecture de « Supériorité de la psychanalyse sur les psychothérapies courtes »

Les TCC sont inefficaces et coûteuses

L’étude de Durham montre que les TCC (Thérapies Cognitivo Comportementales) sont inefficaces, aussi bien dans le traitement de l’angoisse que celui de la psychose. De plus, son coût est plus élevé que les autres thérapies dans le traitement de l’angoisse.

L’essai clinique est réalisé par l’équipe de Durham en Ecosse, de 1985 à 2001, elle est randomisée, en aveugle et contrôlée par les échelles appropriées. Les patients souffraient de troubles anxieux généralisé, de trouble panique, du syndrome de stress post-traumatique ou de psychose. Sur les 1071 personnes entrées dans l’étude en 85, 489 ont participé à l’évaluation à la fin de l’étude (46% des entrants d’origine) en 2001.

Résultats

Troubles anxieux

Le traitement par la TCC n’a pas supprimé la pathologie. Quand des effets positifs ont été constaté au début, ils avaient disparus à la fin. Un traitement par la TCC plus intensif n’améliorait pas la symptomatologie durablement.

L’analyse coûts-efficacité a montré aucun avantage de la TCC par rapport aux non-TCC.

Les coûts de la TCC étaient plus élevés que les non-TCC.

Psychose

La TCC n’apportait aucune différence par rapport aux traitements non-TCC.

L’analyse coût-efficacité a montré aucun avantage de la TCC par rapport aux non-TCC.

Article original ci-dessous:

Long-term outcome of cognitive behaviour therapy clinical trials in central Scotland

RC Durham,1* JA Chambers,1,2 KG Power,2,3 DM Sharp,4 RR Macdonald,2 KA Major,5 MGT Dow2,6 and AI Gumley7

Health Technology Assessment 2005; Vol 9: number 42

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1 Psychiatry and Behavioural Sciences, Division of Pathology and Neuroscience, University of Dundee, UK
2 Department of Psychology, University of Stirling, UK
3 Department of Clinical Psychology, NHS Tayside, UK
4 Institute of Rehabilitation, University of Hull Medical School, UK
5 Health Economics, NHS Ayrshire and Arran, UK
6 Department of Clinical Psychology, NHS Fife, UK
7 Department of Psychological Medicine, University of Glasgow, UK

* Corresponding author

Executive Summary

Objectives

The aim of this study was to consider the following:

  • What is the long-term outcome of participants in clinical trials of cognitive behaviour therapy (CBT) for anxiety disorders and psychosis?
  • Are there significant differences in effectiveness and cost-effectiveness associated with receiving CBT in comparison with alternative treatments?
  • Are there significant differences in effectiveness associated with receiving different intensities of CBT?
  • How well can long-term outcome be predicted from data from the original clinical trials?

Design

An attempt was made to contact and interview all of the participants in eight randomised, controlled, clinical trials of CBT for anxiety disorders and two randomised, controlled, clinical trials of CBT for schizophrenia conducted between 1985 and 2001. Case note reviews of healthcare resources used in the 2 years prior to entering the trials and the 2 years prior to follow-up interview were undertaken.

Setting

The clinical trials were conducted in mixed rural and urban settings in five localities in central Scotland. Anxiety disorder trials were conducted mainly in primary care and included three with generalised anxiety disorder, four with panic disorder and one with post-traumatic stress disorder (PTSD). The psychosis studies (one on relapse prevention and one with chronic disorder) were conducted in secondary care.

Participants

An attempt was made to follow up all 1071 entrants to the 10 studies, of whom 125 were not available to be contacted. Of the 946 who were available, 489 agreed to participate (46% of original entrants, 52% of those available to contact).

Method

Follow-up interviews took place between 1999 and 2003, 2–14 years after the original treatment. Interviews for Trials 1–8 were conducted by a research psychologist blind to original treatment condition. Interviews for Trials 9 and 10 were conducted by community psychiatric nurses also blind to treatment condition. Case note reviews were completed following the interview.

Main outcome measures

For Trials 1–8 the main interview-based outcome measures were: Anxiety Disorders Interview Schedule – DSM-IV for diagnosis and co-morbidity, Clinical Global Severity (0–8) and the Hamilton Anxiety Rating Scale. The main patient-rated measures were: Brief Symptom Inventory, SF-36 II, Clinical Global Improvement (1–7), and the Positive and Negative Affect Scale. For Trials 9 and 10 the primary outcome measure was the interview-based Positive and Negative Syndrome Scale (PANSS).

Results

Anxiety disorder studies (Trials 1–8)

Over half of the participants (52%) had at least one diagnosis at long-term follow-up, with significant levels of co-morbidity and health status scores comparable to the lowest 10% of the general population. Few participants had none or only mild symptoms (18%) and a significant proportion (30%) had subthreshold symptoms of at least moderate severity. Only 36% reported receiving no interim treatment for anxiety over the follow-up period with 19% receiving almost constant treatment. Patients with PTSD did particularly poorly. There was a 40% real increase in healthcare costs over the two time periods, mainly due to an increase in prescribing. A close relationship was found between poor mental and physical health for those with a chronic anxiety disorder.

Treatment with CBT was associated with a better long-term outcome than non-CBT in terms of overall symptom severity but not with regard to diagnostic status. The positive effects of CBT found in the original trials were eroded over longer time periods. No evidence was found for an association between more intensive therapy and more enduring effects of CBT. Long-term outcome was found to be most strongly predicted by the complexity and severity of presenting problems at the time of referral, by completion of treatment irrespective of modality and by the amount of interim treatment during the follow-up period. The quality of the therapeutic alliance, measured in two of the studies, was not related to long-term outcome but was related to short-term outcome.

The cost-effectiveness analysis showed no advantages of CBT over non-CBT. For the participants as a whole, CBT was associated with slightly higher costs than non-CBT and slightly higher benefits. For participants who completed CBT, versus all other participants, CBT was associated with somewhat lower costs and slightly higher benefits. The costs of providing CBT in the original trials was only a very small proportion (6.4%) of the overall costs of healthcare for this population, which are high for both physical and mental health problems.

Psychosis studies (Trials 9 and 10)

Outcome was generally poor and only 10% achieved a 25% reduction in total PANSS scores from pretreatment to long-term follow-up. Nearly all participants (93%) reported almost constant treatment over the follow-up period at a significantly higher level than for the anxiety disorder patients. Treatment with CBT was associated with more favourable scores on the three PANSS subscales. However, there were no significant differences between CBT and non-CBT groups in the proportions achieving clinically significant change and very few psychosis patients maintained a 25% reduction in PANSS scores from post-treatment to long-term follow-up regardless of treatment modality.

Cost-effectiveness analysis showed no advantages of CBT over non-CBT. Healthcare costs fell over the two time periods mainly owing to a reduction in inpatient costs.

Conclusions

The implications for healthcare are:

  • Psychological therapy services need to recognise that anxiety disorders tend to follow a chronic course and that good outcomes with CBT over the short term are no guarantee of good outcomes over the longer term.
  • Clinicians who go beyond standard treatment protocols of about 10 sessions over a 6-month period are unlikely to bring about greater improvement.
  • Poor outcomes over the long term are related to greater complexity and severity of presenting problems at the time of referral, failure to complete treatment irrespective of modality and the amount of interim treatment during the follow-up period.
  • The relative gains of CBT are greater in anxiety disorders than in psychosis.

Recommendations for future research

Longitudinal research designs over extended periods of time (2–5 years), with large numbers of participants (500+), are required to investigate the relative importance of patient characteristics, therapeutic alliance and therapist expertise in determining the cost-effectiveness of CBT in the longer term.

A better understanding of the mechanisms by which poor treatment responders become increasingly disabled by multiple physical and mental disorders will require close collaboration between researchers in the clinical, biological and social sciences.

Publication

Durham RC, Chambers JA, Power KG, Sharp DM, Macdonald RR, Major KA, et al. Long-term outcome of cognitive behaviour therapy clinical trials in central Scotland. Health Technol Assess 2005;9(42).

NHS R&D HTA Programme

The research findings from the NHS R&D Health Technology Assessment (HTA) Programme directly influence key decision-making bodies such as the National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE) and the National Screening Committee (NSC) who rely on HTA outputs to help raise standards of care. HTA findings also help to improve the quality of the service in the NHS indirectly in that they form a key component of the ‘National Knowledge Service’ that is being developed to improve the evidence of clinical practice throughout the NHS.

The HTA Programme was set up in 1993. Its role is to ensure that high-quality research information on the costs, effectiveness and broader impact of health technologies is produced in the most efficient way for those who use, manage and provide care in the NHS. ‘Health technologies’ are broadly defined to include all interventions used to promote health, prevent and treat disease, and improve rehabilitation and long-term care, rather than settings of care.

The HTA Programme commissions research only on topics where it has identified key gaps in the evidence needed by the NHS. Suggestions for topics are actively sought from people working in the NHS, the public, service-users groups and professional bodies such as Royal Colleges and NHS Trusts.

Research suggestions are carefully considered by panels of independent experts (including service users) whose advice results in a ranked list of recommended research priorities. The HTA Programme then commissions the research team best suited to undertake the work, in the manner most appropriate to find the relevant answers. Some projects may take only months, others need several years to answer the research questions adequately. They may involve synthesising existing evidence or conducting a trial to produce new evidence where none currently exists.

Additionally, through its Technology Assessment Report (TAR) call-off contract, the HTA Programme is able to commission bespoke reports, principally for NICE, but also for other policy customers, such as a National Clinical Director. TARs bring together evidence on key aspects of the use of specific technologies and usually have to be completed within a short time period.

Criteria for inclusion in the HTA monograph series

Reports are published in the HTA monograph series if (1) they have resulted from work commissioned for the HTA Programme, and (2) they are of a sufficiently high scientific quality as assessed by the referees and editors.

Reviews in Health Technology Assessment are termed ‘systematic’ when the account of the search, appraisal and synthesis methods (to minimise biases and random errors) would, in theory, permit the replication of the review by others.

The research reported in this monograph was commissioned by the HTA Programme as project number 96/39/18. The contractual start date was in January 1999. The draft report began editorial review in April 2004 and was accepted for publication in May 2005. As the funder, by devising a commissioning brief, the HTA Programme specified the research question and study design. The authors have been wholly responsible for all data collection, analysis and interpretation, and for writing up their work. The HTA editors and publisher have tried to ensure the accuracy of the authors’ report and would like to thank the referees for their constructive comments on the draft document. However, they do not accept liability for damages or losses arising from material published in this report.

The views expressed in this publication are those of the authors and not necessarily those of the HTA Programme or the Department of Health.

Editor-in-Chief: Professor Tom Walley
Series Editors: Dr Peter Davidson, Dr Chris Hyde, Dr Ruairidh Milne, Dr Rob Riemsma and Dr Ken Stein
Managing Editors: Sally Bailey and Sarah Llewellyn Lloyd

© 2005 Crown Copyright

Les sciences sociales ne sont pas solubles dans les sciences cognitives, pétition contre la réforme du CNRS

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Les signataires de ce texte sont tous concernés par le domaine que le projet d’Institut National des Sciences Humaines et Sociales (INSHS) entend regrouper sous l’appellation « Cognition et comportement ».
Nous sommes étonnés et inquiets de voir que le projet considère que ces domaines relèvent exclusivement des sciences cognitives, constituant les « théories de la complexité » en référent méthodologique central. Il ne fait aucune mention de la philosophie des sciences non naturaliste, de la sociologie, de l’histoire, de l’anthropologie et des sciences politiques. Pourtant, la question de savoir ce que sont précisément la « cognition » et le « comportement » est, à l’évidence, un objet des sciences humaines et sociales : il suffit de penser aux conséquences juridiques et pénales, professionnelles, éducatives (pour ne citer que quelques exemples) de la définition de ce qu’est un comportement, ou aux dimensions collectives, linguistiques, pragmatiques de ce qu’on entend par cognition. Les sciences cognitives n’ont pas le monopole de la cognition.
Pour avoir une idée de l’aveuglement de la nouvelle perspective envisagée, rappelons-nous seulement l’intensité des polémiques qui ont suivi la publication de l’expertise collective de l’INSERM sur le trouble des conduites en 2005 : la définition des comportements anormaux des enfants est apparue immédiatement comme un enjeu de société. Nous sommes étonnés et inquiets de constater l’absence dans le projet des mots-clés santé mentale, psychiatrie, alors que ces domaines sont aujourd’hui, non seulement des préoccupations transversales de nos sociétés, mais encore des objets de conflits.
Peut-on encore sérieusement affirmer que la connaissance du « substrat cérébral » soit la principale chose à considérer pour traiter des questions d’éducation, de santé ou d’organisation du travail ? Les meilleurs spécialistes des neurosciences eux-mêmes s’en gardent bien, et nombreux sont ceux qui souhaiteraient un dialogue approfondi avec des historiens, des sociologues ou des philosophes, précisément sur ces points, afin de procéder à l’indispensable analyse conceptuelle des termes en question : esprit, cerveau, connaissance, comportement.
Le privilège accordé aux approches neuroscientifiques pour parler du comportement relève d’une politique de recherche à courte vue. Une telle approche idéologique ne saurait fonder une politique scientifique digne du futur Institut. S’agit-il de convertir de force la communauté scientifique en sciences humaines et sociales au paradigme cognitiviste ? Nous ne sommes pas appelés à devenir des neurosociologues, des neurophilosophes, des neuroanthropologues ou des neurohistoriens. L’examen concret de la normativité de la vie sociale découverte par l’École sociologique française (Durkheim et Mauss) et la sociologie allemande (Weber) n’est pas une illusion destinée à être remplacée par l’étude de la connectivité cérébrale. C’est un niveau autonome et irréductible de la réalité humaine.
Pourquoi, sans aucun argument explicite en sa faveur, accorder un pareil privilège à un paradigme particulier, naturaliste (ou du moins réductionniste), au détriment d’approches intégratives qui font place aux dimensions sociales de la formation des connaissances (aux contextes socio-historiques, aux institutions, …) ? L’INSHS doit-il mettre un seul paradigme intellectuel en position dominante ? Doit-il rayer d’un trait de plume le pluralisme méthodologique et les débats de la communauté scientifique internationale ? Doit-il enfin compter pour rien l’excellence reconnue des programmes non cognitivistes en SHS ?
Depuis plusieurs années des chercheurs en sciences sociales ont commencé à développer au sein du CNRS notamment, des recherches sur ces sujets. Ils ont constitué un milieu scientifique ouvert et créatif, et ont entamé son internationalisation. Le projet tel qu’il est conçu aujourd’hui mettra fin à cette dynamique. Au-delà, il menace l’existence même des sciences humaines et sociales comme disciplines vivantes, critiques e constructives.
Nous reconnaissons parfaitement l’intérêt des sciences cognitives, et la nécessité qu’elles aient leur place et qu’elles se développent à l’INSHS. De même il nous paraît essentiel de valoriser et de reconnaître les « théories de la complexité » comme un authentique partenaire scientifique dans les sciences humaines et sociales. C’est une condition évidente de la crédibilité scientifique internationale du futur Institut. Mais pour cette raison même, nous refusons leur monopole. Le statut du pôle « Cognition et comportement » tel qu’il est actuellement rédigé consacre la marginalisation d’autres paradigmes d’analyse ou leur insidieuse relégation dans le patrimoine historique.
Nous exigeons donc la réintroduction explicite, dans la mission confiée au pôle « Cognition et comportement », des disciplines qui en ont été exclues, la sociologie, l’histoire, l’anthropologie, la philosophie, l’économie (qui n’est pas une neuroéconomie, pour la plupart des chercheurs) et les sciences politiques afin, tout simplement, que la liberté et la qualité de la recherche soient préservées au sein de l’Institut.


Signer la pétitionVoir les signataires


Les premiers signataires de cet appel sont : Simone Bateman (sociologue, directrice de recherche au CNRS), Jean-François Braunstein (philosophe, Pr à l’université Paris 1), Martine Bungener (économiste, directrice de recherche au CNRS), Pierre-Henri Castel (philosophe, directeur de recherche au CNRS), Jean-Paul Gaudillière (historien, directeur de recherche à l’INSERM, directeur d’études à l’EHESS), Vincent Descombes (philosophe, directeur d’études à l’EHESS), Alain Ehrenberg (sociologue, directeur de recherche au CNRS), Bruno Karsenti (philosophe, directeur d’études à l’EHESS), Sandra Laugier (philosophe, Pr à l’Université de Picardie), Bernard Lahire (sociologue, Pr à l’ENS-LSH), Frédéric Lebaron (sociologue, Pr à l’Université de Picardie), Michel Le Moal (psychiatre et neurobiologiste, membre de l’Académie des sciences), Olivier Martin (sociologue, Pr à l’Université Paris Descartes), Albert Ogien (sociologue, directeur de recherche au CNRS), Bernard Paulré (économiste, Pr Paris 1), François Rastier (linguiste, directeur de recherche au CNRS).