La psychanalyse pense l’instinct au contraire de le « glorifier »

Marie Bonaparte rappelle une idée fondamentale à propos de la psychanalyse. La psychanalyse tourne le dos au nazisme.

L’une des premières psychanalystes en France, une pionnière à sa façon, s’est exprimée à la mort de Sigmund Freud, le 4 octobre 1939, au moment où la violence explose en Europe. Et elle nous rappelle avec simplicité quelques évidences. Des choses qu’il s’agirait peut-être de ne pas oublier et sur lesquelles Michel Onfray ne semble pas vouloir porter sa haute et claire attention philosophique :

  • Les conquêtes de l’esprit sont plus hautes que les actions de force et de puissance
  • La matière étudiée par la psychanalyse est l’instinct
  • Les instruments de cette étude sont la raison, l’investigation et la connaissance
  • la psychanalyse étudie l’instinct (Freud) au contraire de le « glorifier » (Onfray)

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Quelle serait la réponse de Freud à Onfray ?

Sigmund Freud ne manque pas de réponses à opposer à Michel Onfray. Du genre : « il s’agit de se faire sa propre opinion sur l’état véritable des choses »…. ou alors, « entendre l’autre son de cloche » (celui de l’analysant)….. Dans son livre, Onfray reproche à Freud de se livrer à une « invention littéraire » dans ses observations cliniques. Il n’en est rien, l’examen de la cure de Dora montre au contraire que ses rêves organisent une fiction par laquelle la souffrance est prise en compte, l’interprète, et lui permettent de se décider pour la voie à suivre. Ce qui suit est la version abrégé d’un texte rédigé en mai 2010. Continuer la lecture de « Quelle serait la réponse de Freud à Onfray ? »

Bienvenue dans le désert de l’évaluation !

En ce mois de juin 2010, il parait très nettement que les réactions au livre de Michel Onfray se tarissent. Les auteurs ne semblent plus vouloir intervenir, à ce sujet pour le moins…

A mon avis, leur attention se porte (enfin) sur un objet pertinent. La promulgation du décret « relatif à l’usage du titre de psychothérapeute » paru au journal officiel le 20 mai 2010, en est la cause essentielle. Après-coup, les affabulations de Michel Onfray paraissent comme l’écran de fumée qui cache les véritables enjeux de la relation de la philosophie à la psychanalyse. Ceux du statut de la psychanalyse dans la pensée.

Cette fumée dissipée, c’est : « bienvenue dans le désert du réel » ! Continuer la lecture de « Bienvenue dans le désert de l’évaluation ! »

« Pourquoi tant de haine ? »

La réponse de quelques uns aux affabulations mensongères de Michel Onfray

Pierre Delion, professeur de psychiatrie à Lille, Christian Godin, philosophe, Roland Gori, professeur de psychiatrie, Frédéric Lelièvre, philosophe, Guillaume Mazeau, historien, et Elisabeth Roudinesco, historienne, publient aujourd’hui une réponse à Michel Onfray et ses affabulations sur Freud.

« Nul ne peut tuer en abstentia, ni en effigie », c’est-à-dire que dans le débat des idées, vouloir tuer un cadavre comme celui de Freud est une absurdité. Cela fait de Michel Onfray une sorte de croque mort qui s’intéresse aux antiquités de l’histoire, du genre de la petite statuette d’un bureau de Vienne au début du siècle (et non pas la pensée en oeuvre dans un texte).

D’autant plus surprenante que l’auteur de cette entreprise est philosophe. Mais, de nombreux philosophes se sont déjà levés contre Onfray pour dénoncer les fautes de son raisonnement dans cette discipline. Par exemple Frédéric Bisson en septembre 2009, avant la sortie du livre de Onfray et qui dénonce le gouffre qui oppose la méthode d’Onfray de la généalogie de Nietzsche : cliquer sur ce lien

J’ai recensé l’essentiel des commentaires de la polémique sur le site OnfraymarteleFreud : cliquer sur ce lien

Il devient évident que le propos de Michel Onfray est révisionniste et mensonger.

« Le pamphlet contre S. Freud et la psychanalyse, une nouvelle imposture ! »

Attention : j’ai reçu ce communiqué par mail car je suis abonné à la liste de diffusion du Collectif des 39 et que j’ai signé sa pétition, mais, à ma grande surprise, je ne parviens par à retrouver ce communiqué sur le site de la nuit sécuritaire….. Qu’en penser ? Doute, perplexité…..

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Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire
Communiqué

En tant que soignants (psychiatres, éducateurs, psychologues, infirmiers…), certains, psychanalystes, d’autres non, mais tous engagés dans un mouvement contre une psychiatrie sécuritaire, normative et hygiéniste, nous ne pouvons que nous insurger contre le propos récent de Michel Onfray.
Pierre Delion, qui fait partie des fondateurs de notre mouvement a su dire tout ce que nous devons à la fondation freudienne pour l’invention d’une pratique de psychothérapie institutionnelle, forgée dans la résistance au nazisme et à l’indifférence devant les 40000 malades mentaux morts de faim et d’abandon.
Ce qui compte pour nous c’est une politique de la folie et une éthique fondée sur une mise en acte d’un inconscient qu’il faut bien appeler freudien, ainsi qu’une méthode qu’il s’agit de réinventer sans cesse à partir d’une écoute et d’une « pratique de la folie » soutenant des soins psychiques relationnels.
A rebours de toute idolâtrie comme de tout dévoiement de la psychanalyse, la transmission d’une pratique de la psychiatrie en prise avec l’inconscient ne peut être qu’une refondation permanente d’un savoir clinique qui laisse aussi sa place aux savoirs, trouvailles et inventions de la psychose.
La pratique nous permet de vérifier chaque jour la pertinence d’une approche soignante qui accueille le délire comme tentative de guérison, et donne la possibilité au patient de s’ouvrir au monde en le reconstruisant.
Il est assez scandaleux que les attaques que nous subissons depuis ces vingt dernières années de la part des tenants de l’économie néolibérale, et qui visent à éradiquer la subversion d’un accueil de la parole folle, trouvent aujourd’hui un relais de la part de quelqu’un qui se prétend de notre bord et se présente sous le jour d’une posture pseudolibertaire. Se dévoile ainsi un discours prétendument démystificateur qui fait le jeu de la marée montante de tous les courants obscurantistes visant à faire taire le sujet, à le formater ou à l’enfermer.
Il nous semble donc essentiel de soutenir le socle fondateur de nos pratiques contre une prétention nihiliste à dire n’importe quoi au mépris de toute vérité historique. Cette imposture qui est un trait de notre époque est la même qui empêche la transmission et rejette notre engagement pour une psychiatrie orientée par l’hospitalité pour la folie.

Le 30 avril 2010,
Le collectif des 39

www.collectifpsychiatrie.fr