Visage masqué, visage de bois, visage impassible…..

 

La contrainte dans laquelle nous sommes de porter des masques, y compris devant les tous jeunes enfants, en cette époque de déconfinement de l’épidémie de COVID 19, n’est pas sans effet sur les enfants que nous recevons en entretien……

Ce dont les pédiatres français se sont alarmé, le 13 mai 2020…… lire à cette adresse.

Le fait de porter un masque sur le visage, transforme ce visage. Le masque dévitalise le visage, il le « désanime », il le transforme en une chose neutre, sans vie. Affublé de son masque, ce visage devient « impassible ». Ce que les jeunes enfants ne supportent pas !

Les êtres humains ont besoin de la présence et de l’attention d’un autre être humain pour grandir, apprendre et vivre. C’est ce que montre l’expérience du « visage impassible », still face, de Edward Tronick, réalisée à Boston, 2012.

Dans cette expérience, nous voyons un bébé très vivant qui explore ce qui l’entoure, sous le regard bienveillant de sa mère. Puis, sa mère se tourne et prend un visage figé, inexpressif. Le bébé est alors de plus en plus angoissé. Continuer la lecture de « Visage masqué, visage de bois, visage impassible….. »

Un rapport dans le miroir ?

Cette animation est fascinante 1….

Dans ce miroir, nous pourrions penser que l’amour existe….

Qu’il y aurait un « rapport sexuel » contrairement à ce que les psychanalystes prétendent….

Réfléchissons.

Nous pouvons compter quatre plans :

a – Il y a notre regard de spectateur extérieur à la scène

b- il y a l’image d’une scène dans le miroir accroché au mur. Un couple s’enlace. La dame étend sa main dans un geste d’extase (?). Le monsieur reprend cette main. Il y a un mouvement, le couple continuera sa geste. Allons-nous penser que ces deux-là connaîtront une jouissance partagée ? Continuer la lecture de « Un rapport dans le miroir ? »

Les amours politiques de Game of throne

J’avoue, je voudrais une suite à cette série !

Les fans de Game of throne 1 l’ont appelée de leurs vœux, dans une pétition qui, à ce jour, a déjà reçu plus de un million cinq cent mille signatures.

Mais, je voudrais une suite qui a le sérieux de la psychanalyse, comme le dit Lacan, lors d’une conférence sur le symptôme à Genève en 1975 : « le sérieux de la série…. ».

Si le final de la série Game of throne a déçu, je pense, à la suite de Slavoj Zizek 2, que ce n’est pas seulement à cause d’un effet de fin, de conclusion, mais qu’il s’agit d’un effet de scansion.

Continuer la lecture de « Les amours politiques de Game of throne »

Ambition : analogie de l’énurésie, un langage d’organe

Dans l’envers de la psychanalyse, Lacan souligne l’analogie existant entre l’ambition et l’énurésie. « Il n’est pas rien de rappeler l’analogie qu’on a faite de l’énurésie à l’ambition » (1).
Il n’est pas exclut que Lacan nous renvoie aux idées de supériorité de l’enfant dont Alfred Adler a affirmé l’importance dans son livre, L’enfant difficile.
Pour Adler, l’énurésie manifeste l’ambition de l’enfant, celle d’obtenir quelque chose de l’autre : Continuer la lecture de « Ambition : analogie de l’énurésie, un langage d’organe »

Ce que c’est beau !

 

« L’escabeau » est une notion apportée par Jacques Lacan concernant la sublimation. Il l’écrit « S K beau » : S comme « esse » (l’être du « parle-être »), K comme le « ça » et le « beau » qui renvoie à la sublimation (Lacan J., « Joyce le symptôme », Autres écrits, Paris, Le Seuil, 2001, p. 565). Continuer la lecture de « Ce que c’est beau ! »

La grosse voix, ça ne marche plus !

« Le Nom-du-Père de papa se meurt. On peut très bien s’en passer, selon Lacan, à condition de s’en servir. Autrement dit, la grosse voix, ça ne marche plus. Fini le chef qui ordonne ; place au leader modeste, qui oriente. C’est d’ailleurs son jésuitisme que ses adversaires reprochent à Obama : diriger « from behind », de derrière, sans trop se faire voir, tirer en douce les ficelles. Même Nicolas Sarkozy s’y est mis, non sans succès. Et là où Le Pen tonnait, sa fille ronronne ».

J. A. Miller, Les prohéties de Lacan, Le Point, 18 08 2011, http://www.lepoint.fr/grands-entretiens/jacques-alain-miller-les-propheties-de-lacan-18-08-2011-1366568_326.php#xtor=CS2-238 

La psychiatrie n’existe pas ! Jean Oury

« La psychiatrie n’existe pas ! (….) Il n’y a pas la psychanalyse comme ça, dans un casier, la neurologie dans un autre casier, la médecine dans un autre…. c’est pas vrai ! Quand on voit quelqu’un, c’est tout ça à la fois ! »

Jean Oury, citéphilo 2011, Psychiatrie et résistance, « La psychiatrie n’existe pas ! »

Et aussi : « Lacan, il faut le connaître par cœur. C’est comme le guide Michelin quand on veut voyager ! Pour pas se tromper ! C’est pas plus compliqué qu’on croit « .

Jacques Lacan : la psychanalyse réinventée

« Jacques Lacan, la psychanalyse réinventée », documentaire réalisé par E. Kapnist et E. Roudinesco

Présentation sur Arte :  » Penseur inoubliable pour qui a assisté à l’une de ses conférences, Jacques Lacan s’intéresse tout d’abord à la folie, en particulier la folie féminine. Psychiatre à Sainte-Anne, il consacre sa thèse à la psychose paranoïaque. Mais il évolue rapidement vers la psychanalyse. Fils de famille bourgeoise et catholique, à la fois baroque et libertin, conformiste et extravagant, Lacan bouleverse les dogmes d’une psychanalyse entravée par des querelles d’écoles et des scléroses institutionnelles. « Je suis celui qui a lu Freud », dira-t-il. Comédien dans l’âme, à la fois séducteur et terrible, il impressionnait son public même si ses paroles restaient parfois obscures : « Quand je comprenais, je trouvais ça génial, déclare Françoise Dolto. Le reste, c’était plutôt un climat, peut-être en la mineur. » Théoricien de l’amour et du désir, il analyse les transformations de la famille occidentale, le déclin du patriarcat, les illusions de la révolution. Mais son apport théorique concerne principalement la réflexion psychanalytique sur l’inconscient. À la fin de sa vie, controversé sur sa pratique clinique, Lacan se verra aussi reprocher de « trop flirter avec la psychose. »

Ce documentaire d’Arte paru en 2001, se trouve sous la forme de 4 vidéos sur Youtube:

n°1 : http://www.youtube.com/watch?v=ahuNN96G7jM

n° 2 : http://www.youtube.com/watch?v=h5seDIumGwQ&feature=related

n° 3 : http://www.youtube.com/watch?v=ZYWf2nbF-wg

n° 4: http://www.youtube.com/watch?v=kfmYy0kb5Ho&feature=related

n° 5 : http://www.youtube.com/watch?v=WFS4hIZPP0U&NR=1

Présentation du documentaire sur le site d’Arte : http://www.artepro.com/programmes/65547/presentation.htm

Présentation du documentaire en PDF : http://www.artepro.com/fr_fichiers/fichiers/01364582.pdf

Ce qui manque au champ de l’Autre

Etudier un roman est une excellente façon d’étudier le suicide quand on voit comment Lacan a su tirer avantage de Hamlet dans « Le désir et son interprétation ». Déjà, dans ce séminaire, Lacan élabore le suicide comme un « suprême effort de don » du phallus à l’idole, le grand Autre qui reçoit ce dont le sujet manque. Pour Hamlet en l’occurrence, c’est un suprême effort de don à sa mère.

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Pourquoi B. Maris et G. Dostaler ne lisent-ils pas Lacan ? Pourtant, ils en profiteraient…

B. Maris et G. Dostaler affirment que la notion de « pulsion de mort » freudienne peut rendre compte de la tendance morbide des banquiers à  » croire  » en l’existence irrationnelle de la stabilité du marché de la finance. Ce marché se régulerait tout seul, selon nos chers financiers. Cette couteuse croyance, nos auteurs de « Capitalisme et pulsion de mort  » la rapprochent de la notion freudienne de  » pulsion de mort  » comme JP Tuqoi le rapporte dans sa critique du monde.

Loin d’avoir toujours bien compris ce que Freud a voulu expliquer par sa notion de  » pulsion de mort « , je ne voudrais pas prétendre en épuiser les significations possibles. Il parait en effet très juste, très à propos, d’interroger Freud à ce sujet. Freud n’a-t-il pas révolutionné l’approche de l’obsession pour la sortir du marasme psychologisant de Janet dans lequel plongent naivement nos comportementalistes contemporrains ?

Mais, justement, Lacan a su prolonger la pensée freudienne sur ce point et ce qu’il nous en a expliqué donne un peu de clarté en ce domaine. Souvent, Lacan me permet de croire un peu mieux comprendre l’enseignement freudien.

 » Pulsion de mort  » ?

Voyez le séminaire sur la  » lettre volée  » dans les écrits de Lacan !

« Tu crois agir quand je t’agite au gré des liens dont je noue tes désirs. Ainsi ceux-ci croissent-ils en forces et se multiplient-ils en objets qui te ramènent au morcellement de ton enfance déchirée. Eh bien, c’est là ce qui sera ton festin jusqu’au retour de l’invité de pierre, que je serai pour toi puisque tu m’évoques » (Lacan cite E. Poe).

Avec Lacan,  l’argent, en tant que système symbolique, en tant que système de signes, une longue série de plus et de moins qui s’ajoutent ou se retranchent les uns aux autres, a une vie autonome et indépendante de nos subjectivités. Et pourtant, la  » vie  » de l’argent pèse largement sur nos vies de tous les jours. D’une façon mortelle….

Lacan n’aurait peut-être pas dénié cette image du film Matrix dans laquelle nous pouvons voir le fonctionnement réel du système informatique de la matrice capable de fabriquer et d’alimenter des pépinières de nouveaux nés humains….

Lors de la récente crise financière mondiale, n’a-t-on pas décrié ces mathématiciens des banques, apprentis sorciers des placements virtuels aux effets bien réels sur les retraites de millions d’êtres humains ?

Alors, B. Maris et G. Dostaler semblent prendre la bonne voie quand ils se penchent sur Freud pour mieux interroger l’actualité financière.

Encore un effort et ils pourront en savoir un peu plus avec Lacan !


« Capitalisme et pulsion de mort », de Gilles Dostaler et Bernard Maris : les banquiers sur le divan de Freud

Critique dans Le Monde par JP Tuquoi, le 02.02.09

ccusé d’avoir dérégulé à tout-va pendant dix-huit ans et d’avoir laissé la bride sur le cou aux banquiers, l’ex-président de la Réserve fédérale américaine, Alan Greenspan, auditionné il y a quelques semaines par le Congrès à propos de la crise financière, eut cette phrase étonnante. Sa principale erreur, avoua le banquier des banquiers, a été de « croire que le sens des banquiers de leur propre intérêt était la meilleure protection ».

A quoi obéissent donc les banquiers et, au-delà, les différents acteurs du capitalisme, si ce n’est à leur intérêt ? Sigmund Freud (1856-1939) avait sa réponse : à une « pulsion de mort », écrit-il dans Au-delà du principe de plaisir (1920). A un amour irrationnel de l’argent, répond l’économiste John Maynard Keynes (1883-1946) dans plusieurs de ses écrits.

Les deux explications semblent divergentes. En réalité, elles se rejoignent, et c’est le mérite de Capitalisme et pulsion de mort, le livre érudit de l’économiste Bernard Maris et de l’historien Gilles Dostaler (spécialiste de Keynes), de rapprocher la pensée du père de la psychanalyse et celle de l’économiste britannique.

Freud est convaincu qu’au plus profond de l’individu se niche « l’humaine pulsion d’agression et d’auto-anéantissement ». Celle-ci couve en nous et affronte sans cesse la pulsion de vie qui pousse les individus à s’unir à d’autres pour « assurer la survie de l’espèce ».

Avec Keynes, on change d’angle de vue mais pour arriver, à partir d’autres outils, au même constat. La pulsion de mort, c’est l’amour de l’argent. S’il apaise notre inquiétude, l’argent est aussi « le problème moral de notre temps ». A travers la concurrence entre nations – ferment du capitalisme – ou entre classes sociales, l’argent, écrivent les auteurs du livre, nourrit une « guerre interminable » qui menace la survie de la nature autant que celle de l’homme. Et de citer cette phrase de Keynes : « Nous serions capables d’éteindre le soleil et les étoiles parce qu’ils ne rapportent aucun dividende. »

L’état actuel de la planète confirme, selon les auteurs, le diagnostic de Freud et de Keynes. La mondialisation, loin d’être pacifique, engendre des conflits armés entrevus par Freud lorsqu’il parlait du « narcissisme des petites différences ». Quant à la crise financière, elle est venue confirmer la place excessive prise par l’argent. Keynes souhaitait « l’euthanasie du rentier ». A l’heure où rebondit le débat sur une nouvelle répartition de la valeur ajoutée entre le travail et le capital, le thème redevient d’actualité. Il était temps.

Dostaler G., Maris B., Capitalisme et pulsion de mort, Paris, A. Michel