Marie Bonaparte rappelle une idée fondamentale à propos de la psychanalyse. La psychanalyse tourne le dos au nazisme.
L’une des premières psychanalystes en France, une pionnière à sa façon, s’est exprimée à la mort de Sigmund Freud, le 4 octobre 1939, au moment où la violence explose en Europe. Et elle nous rappelle avec simplicité quelques évidences. Des choses qu’il s’agirait peut-être de ne pas oublier et sur lesquelles Michel Onfray ne semble pas vouloir porter sa haute et claire attention philosophique :
- Les conquêtes de l’esprit sont plus hautes que les actions de force et de puissance
- La matière étudiée par la psychanalyse est l’instinct
- Les instruments de cette étude sont la raison, l’investigation et la connaissance
- la psychanalyse étudie l’instinct (Freud) au contraire de le « glorifier » (Onfray)
Mais, mieux vaut lire Marie Bonaparte que la commenter :
« J’ai, depuis l’enfance, appris à estimer plus haut que les actions de force et de puissance les conquêtes spirituelles » (…),« or, le laboratoire où Freud accomplit ses découvertes, en est-il de plus magnifique : l’âme humaine, l’âme de nous tous, aux secrets jusqu’à lui inexplorés ? » (…) « La matière étudiée par Freud : les instincts, les forces animales, barbares, sexe et agression, hantant le tréfonds de nous tous, ainsi que leurs transformations. L’instrument d’investigation : la raison, notre raison spécifiquement humaine aboutissant, par cette investigation et par la connaissance, à la maîtrise justement de ces forces archaïques. Or le public confond souvent la matière avec l’instrument et il s’est même trouvé hier un journaliste français pour accuser Freud d’avoir “ glorifié ” l’instinct et par-là préparé l’avènement du nazisme ! Hélas ! parmi les persécutés par le barbare credo pangermaniste actuel, Freud fut l’un des plus visés parce que l’un des plus grands »,
Marie Bonaparte, La mort de Freud (1939), Marianne, mercredi 4 octobre 1939