Ecoutez ces témoignages des personnes se rendant à l’hôpital de jour de Reims, vous apprendrez ce qu’ils pensent des positions de Sarkozy sur la psychiatrie. Il s’agit de l’émission de radio Les pieds sur terre sur France culture, du 09 février 2009.
Vous pouvez l’écouter en cliquant plus bas dans le post.
Un patient : « Je ne suis pas dangereux. Je voudrais que ceux qui m’écoutent et qui reconnaissent ma voix, me regardent autrement ».
Sarkozy : « Certains patients hospitalisés sans consentement seront équipé d’un système de signalement électronique qui, si cela se produit, déclenchera une alerte ».
Comme si un programme électronique, le summum de la modernité, la pointe de la science, pouvait « détecter » la plus infime pensée intime des personnes qui seront amenées à porter ces bracelets.
Vous connaissez le film de science fiction Minority report, un policier intervient avant même que le meurtrier sache qu’il va commettre son meurtre. Mais justement, c’est de la science fiction. C’est absolument impossible.
Et pour de multiples raisons.
L’acte se produit à l’extérieur du sujet, en tant que tel, il ne s’inscrit pas dans la pensée au moment où il se produit. Il ne révèle ses effets qu’après-coup. Ses conséquences ne se calculent pas. Le rêve d’un tel bracelet consiste à croire en la possibilité d’un acte prévisible. Avec son histoire de bracelet, Sarkozy veut donner une consistance à ce rêve.
Un bracelet électronique ne mesure ne l’acte, ni la pensée. C’est une sorte de GPS qui permet, à tout casser, de localiser l’endroit où se trouve le bracelet et d’en déduire les mouvements. Il ne dit qu’une chose: tel bracelet, se trouve à tel endroit, à tel moment. Point à la ligne.
Cette technologie est encore bien loin de produire les effets espérés par Sarkozy qui montre en la matière son ignorance et ses fantasmes.
Vouloir développer l’utilisation des bracelets électroniques pour les fous, c’est affirmer l’impératif de l’état français. L’état veut établir une carte de la folie, un mappy de la psychose dangereuse, une géographie en instantané.
L’idée est la suivante. Si le patient est présent au moment où le passage à l’acte se produit, sa localisation équivaut à la preuve de sa culpabilité. Un raisonnement qui existe déjà pour les traces ADN. Si on trouve l’ADN d’une personne sur le lieu du crime, la présomption de culpabilité s’accroit. Sarkozy franchit le pas suivant : il pense même que c’est une preuve.
Le bracelet pour les fous dangereux, c’est croire en l’unité de la preuve, de l’acte et du sujet. C’est une façon de penser que ces trois choses sont identiques et équivalentes. C’est accréditer l’idée que ce lien serait exclusif. Pas de sujet fou sans acte dangereux qui ne soit localisable ni datable.
Il faudrait lui dire, à Sarkozy, que la science fiction n’est pas la réalité !