La réponse de quelques uns aux affabulations mensongères de Michel Onfray
Pierre Delion, professeur de psychiatrie à Lille, Christian Godin, philosophe, Roland Gori, professeur de psychiatrie, Frédéric Lelièvre, philosophe, Guillaume Mazeau, historien, et Elisabeth Roudinesco, historienne, publient aujourd’hui une réponse à Michel Onfray et ses affabulations sur Freud.
« Nul ne peut tuer en abstentia, ni en effigie », c’est-à-dire que dans le débat des idées, vouloir tuer un cadavre comme celui de Freud est une absurdité. Cela fait de Michel Onfray une sorte de croque mort qui s’intéresse aux antiquités de l’histoire, du genre de la petite statuette d’un bureau de Vienne au début du siècle (et non pas la pensée en oeuvre dans un texte).
D’autant plus surprenante que l’auteur de cette entreprise est philosophe. Mais, de nombreux philosophes se sont déjà levés contre Onfray pour dénoncer les fautes de son raisonnement dans cette discipline. Par exemple Frédéric Bisson en septembre 2009, avant la sortie du livre de Onfray et qui dénonce le gouffre qui oppose la méthode d’Onfray de la généalogie de Nietzsche : cliquer sur ce lien
J’ai recensé l’essentiel des commentaires de la polémique sur le site OnfraymarteleFreud : cliquer sur ce lien
Il devient évident que le propos de Michel Onfray est révisionniste et mensonger.
Alain Mermet est allé au Japon cette année 2010, pour un reportage sur la commémoration du phallus en processions devant un public de « pèlerins » ou de touristes. Il nous en fait part dans son émission, « Là-bas si j’y suis » du 14 mai 2010, dans la série « sous le kimono ».
Comment un lecteur de Jacques Lacan ne pourrait-il pas être sensible à ce que l’on en dit ?
Ces phallus sont symboles de fertilité, ils sont offert aux bébés en conjuration du mauvais sort. Ces pratiques publiques existaient en Grèce antique et encore maintenant, en Inde et en Amérique latine. Ce qui semble donner raison à Lacan quand il commente cela dans son séminaire « La relation d’objet ».
Il paraitrait qu’il y aurait beaucoup plus de représentations du phallus que du sexe féminin. Ce qui est faux bien sûr puisque cela serait oublier les réprésentations de Méduse que Freud a commenté.
Dans son livre, Onfray reproche à Freud 1 de se livrer à une « invention littéraire » dans ses observations cliniques. Il n’en est rien, l’examen de la cure de Dora montre au contraire que ses rêves organisent une fiction par laquelle la souffrance est prise en compte, l’interprète et lui permettent de se décider pour la voie à suivre. Continuer la lecture de « Michel Onfray au pays des merveilles »
Attention : j’ai reçu ce communiqué par mail car je suis abonné à la liste de diffusion du Collectif des 39 et que j’ai signé sa pétition, mais, à ma grande surprise, je ne parviens par à retrouver ce communiqué sur le site de la nuit sécuritaire….. Qu’en penser ? Doute, perplexité…..
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Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire Communiqué
En tant que soignants (psychiatres, éducateurs, psychologues, infirmiers…), certains, psychanalystes, d’autres non, mais tous engagés dans un mouvement contre une psychiatrie sécuritaire, normative et hygiéniste, nous ne pouvons que nous insurger contre le propos récent de Michel Onfray. Pierre Delion, qui fait partie des fondateurs de notre mouvement a su dire tout ce que nous devons à la fondation freudienne pour l’invention d’une pratique de psychothérapie institutionnelle, forgée dans la résistance au nazisme et à l’indifférence devant les 40000 malades mentaux morts de faim et d’abandon. Ce qui compte pour nous c’est une politique de la folie et une éthique fondée sur une mise en acte d’un inconscient qu’il faut bien appeler freudien, ainsi qu’une méthode qu’il s’agit de réinventer sans cesse à partir d’une écoute et d’une « pratique de la folie » soutenant des soins psychiques relationnels. A rebours de toute idolâtrie comme de tout dévoiement de la psychanalyse, la transmission d’une pratique de la psychiatrie en prise avec l’inconscient ne peut être qu’une refondation permanente d’un savoir clinique qui laisse aussi sa place aux savoirs, trouvailles et inventions de la psychose. La pratique nous permet de vérifier chaque jour la pertinence d’une approche soignante qui accueille le délire comme tentative de guérison, et donne la possibilité au patient de s’ouvrir au monde en le reconstruisant. Il est assez scandaleux que les attaques que nous subissons depuis ces vingt dernières années de la part des tenants de l’économie néolibérale, et qui visent à éradiquer la subversion d’un accueil de la parole folle, trouvent aujourd’hui un relais de la part de quelqu’un qui se prétend de notre bord et se présente sous le jour d’une posture pseudolibertaire. Se dévoile ainsi un discours prétendument démystificateur qui fait le jeu de la marée montante de tous les courants obscurantistes visant à faire taire le sujet, à le formater ou à l’enfermer. Il nous semble donc essentiel de soutenir le socle fondateur de nos pratiques contre une prétention nihiliste à dire n’importe quoi au mépris de toute vérité historique. Cette imposture qui est un trait de notre époque est la même qui empêche la transmission et rejette notre engagement pour une psychiatrie orientée par l’hospitalité pour la folie.
Une documentaire fameux réalisé par Philippe Borel et diffusé sur Médiapart
Surtout, écoutez Jean Oury, il est ABSOLUMENT GENIAL !!!!
Ecoutez aussi Christophe Dejours, il resitue le contexte des suicides sur le lieu de travail comme un symptôme du malaise au travail. Le travail, sa forme, change entrainant une souffrance dont le point extrême est le suicide. Son analyse est actuelle et pertinente.
Les psychiatres des hôpitaux publics désapprouvent le projet de loi sur le consentement aux soins pour les personnes « atteintes de maladie mentale ». En effet, le législateur passerait de « l’hospitalisation contrainte » aux « soins contraints ».
Patrick Chemla, psychiatre, dirige le secteur de psychiatrie de Reims. il est un des fondateurs du collectif «la Nuit sécuritaire », qui s’était constitué après le discours ultra-sécuritaire de Nicolas Sarkozy à l’hôpital psychiatrique d’Antony (Hauts-de-Seine), en décembre 2008. Il prend position contre le projet de Sarkozy.
Propos recueillis par Eric Favereau, Libération, 06 04 2010
Pourquoi êtes–vous opposé à des soins obligatoires en ambulatoire, et plus généralement à la loi qui se prépare?
D’abord, il y a quelque chose de pervers dans l’esprit même de cette loi, avec une reprise sous-jacente du nécessaire dépérissement des hôpitaux psychiatriques. On nous présente cela sous un aspect séducteur : en clair, pour éviter les internements des patients, il suffit de donner des soins obligatoires.
Mais le gros morceau reste la conception de la folie et du soin que ce projet sous-tend._ La folie serait comme le diabète, une maladie purement biologique. Et il suffit de mettre tout le monde sous neuroleptique pour éradiquer la folie. Voilà une conception hygiéniste et erronée. Aujourd’hui, la quasi-totalité des psychotiques sont sous neuroleptique. On ne peut pas dire qu’ils soient guéris.
Et quid de la conception du soin ?
Si on a cette conception de la folie comme trouble biologique, le soin devient simpliste; il suffit de donner des neuroleptiques. Mais le problème, c’est que l’on se heurte à la folie. La folie résiste. On croit que la folie et son déni seraient solubles dans les neuroleptiques et dans l’application de la loi. C’est une folie sociale que de penser cela. Les malades vont être dans la peur du soignant, ils vont les fuir. C’est une rupture gravissime de toute notre pratique.
C’est-à-dire?
On oublie complètement que le délire est aussi une tentative de guérison. La folie n’est pas à réduire, elle est aussi source de savoirs, ce que nous ont appris Freud, Lacan et d’autres. Ce n’est pas seulement une maladie qu’il faut faire taire … Certes, mais que dites-vous aux familles et aux proches qui ne rencontrent aucune aide ?
C’est un problème réel. Mais ce n’est pas qu’un problème de moyens. 11 y a une démission des saignants depuis une vingtaine d’années: ils délaissent leurs fonctions et leurs engagements. Les ma1ades sont souvent mal accueillis. Il y a réellement une faute de la société à ne pas répondre à ce désarroi des proches et des patients.
Voici un petit résumé des propos de Pierre Bourdieu tenus lors de son cours au Collège de France : La télévision est le lieu de la censure. Mais laquelle ? Politique, économique ? C’est grossier. Ce serait plutôt la violence symbolique, une violence qui porte un coup au symbolique. Qui s’exerce avec la complicité tacite entre ceux qui l’exercent et ceux qui la subissent.
Constatons que la télévision cache. Comme les faits divers font diversion. Si le fait divers est présenté en peu de temps, pour faire croire que c’est négligeable, c’est qu’il cache un fait important. On peut aussi cacher en montrant ce qu’il faut montrer, mais de manière qu’on le ne montre pas, en le disant insignifiant ou en le décomposant ou en lui donnant un sens différent ou en prenant une partie des faits pour les faire passer pour le tout (comme des lunettes modifient le champ de vision). Exemple: l’approche par l’extraordinaire de la question des banlieues. Mais aussi la grève des lycéens.
Dans ce cas, le monde social est prescris par la télévision. Le public prend le risque de voir le monde par les lunettes de la télévision. Attesté par le fait que les manifestations sociales sont fabriquées maintenant pour la télévision.
La télévision évolue vers une homogénéisation de son discours, au delà de la division des journalistes entre eux. Il y a une sorte d’unification, par la concurrence, entre journalistes. Exemple, pour savoir ce qu’un journaliste va dire, il faut qu’il sache ce que les autres journalistes ont déjà dit.
Or, avec l’audimat, la logique commerciale s’impose au culturel. Alors que le culturel s’était construit contre le commercial.
Ce qui peut contribuer à vider la télévision de la pensée pour la remplacer par les lieux communs. Les lieux communs sont en effet plus rapides à exposer qu’une pensée qui a besoin de temps pour se développer.
Les débats à la télévision sont-ils pour autant démocratiques ? Non, affirme Bourdieu. Car le présentateur impose des questions contraignantes, la problématique au nom du respect de la règle du jeu qui est variable selon l’intervenant, il distribue la parole ainsi que les signes de l’importance accordée à l’intervenant, il définit l’urgence et le temps de la discussion. Le présentateur définit le public, le plateau. Il définit le style de l’échange. Il intervient enfin avec son propre inconscient sur des questions qui ne se posent pas ou ne sont des questions que ne se posent que les journalistes.
Conclusion: lors d’un débat à la télévision, tous les locuteurs ne sont pas égaux.
Donc, la télévision n’est pas un instrument de communication autonome, il est soumis aux contraintes sociales du journalisme. Il est bridé.
Contrairement aux craintes des années 70 qui surestimait la capacité de la télévision à influencer les masses.
Elle porte à l’extrême une contradiction qui hante tous les secteurs de production culturelle (science, art…). Il y a deux opposés : les conditions dans lesquelles il faut être pour créer un produit culturel et les conditions sociales nécessaires à leur diffusion.
Plus que la responsabilité individuelle du journaliste, c’est le poids de la structure sociale du journalisme qui pèse dans ce jeu.