En baver d’envie !

Quand Nemo prend les lunettes du praticien dans la poche de sa chemise, qu’il s’empare de ses notes pour les déchirer, qu’il le barbouille de peinture verte, que fait-il ?

De quoi s’empare-t-il ? Quelle est donc cette envie ? Une envie qui ne se laisse pas facilement cerner et qu’il est important de savoir distinguer de la jalousie. Avec Rosine Lefort, c’est l’envie qui permet à l’enfant de reproduire ce qu’il est sous les yeux de l’analyste. Elle est proche de la frustration telle que définie par Jacques Lacan. Dans la psychose de l’enfant, l’envie est un moment qui lui permet de produire son être pour l’Autre.

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Le bébé est un communicateur né ! Brazelton

Dans les années 70, Thomas Berry Brazelton a cherché comment aider les enfants et les mères à faire ce qu’il faut pour que cela se passe bien. Mais, en pédiatrie, il déplorait que l’on ne fasse attention qu’à la pathologie, quand cela s’est déjà mal passé. Alors, il a fait une analyse où le modèle est différent. Mais, là aussi, il a trouvé que l’on s’intéressait trop à ce qui avait amené à ce que cela se passe mal.

Brazelton a alors forgé la notion d’enveloppe : le bébé a besoin d’une enveloppe psychologique dans laquelle il est en sécurité. C’est l’assurance de la réponse de l’autre s’il la sollicite et qui soit la base de son attachement. Une telle enveloppe est mise en évidence avec l’expérience du « visage impassible ».

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Tout est modifiable ! Constance Pascal

Constance Pascal (1877-1937) a été la première femme interne en psychiatrie et la première femme psychiatre. Elle a dirigé plusieurs hôpitaux psychiatriques. Elle a crée le premier centre médico-pédagogique pour enfants en France.

Dans une lettre à Georges Daumezon, en 1935, elle disait :

“Avant tout, se débarrasser de l’acquis livresque, celui qui repose que sur des théories, assemblages de mots (…) Tout d’abord vous instruire. Il faut arriver, à force d’interroger les maladies, au niveau du sage : savoir l’immensité de l’inconnu et les limites pauvres du connu (…) Pas d’herbier de maladies mentales (…) Étudiez les aliénés avant l’aliénation mentale. (…) Je suis restée curieuse de tout le mystère de leurs pensées (…) Je n’accepte pas le Jansénisme biologique ou psychopathologique. Les constitutions et l’hérédité fixe sont des non-sens, des théories qui complètent notre ignorance. Tout est modifiable. (…) Le fonds mental des maladies est plus intéressant que le comportement à moins qu’on possède le fil d’Ariane qui va de l’acte à la cause”

Felicia Gordon, Constance Pascal, Une pionnière de la psychiatrie française (1877-1937), des femmes-Antoinette Fouque, Paris, 2023, p. 283.

Envies d’enfants

Samedi 18 mars 2023

Au théâtre de la Verrière à Lille

Bulletin d’inscription :

https://www.aleph-savoirs-et-clinique.org/wp-content/uploads/2023/01/BULLETIN-INSCRIPTION-colloque-2023.pdf

Saint Augustin se souvient de lui, envieux, devant l’image de son semblable nourri au sein : « il ne parlait pas encore et déjà il contemplait, pâle, d’un regard amer son frère de lait[1] ». L’envie surgit dans cette image du double comblé. Nécessaire à l’entrée dans le langage et dans le monde, l’envie est aussi une épreuve qui peut laisser des traces troubles durant toute la vie.

« J’ai envie de toi », voilà une phrase banale qui peut déclencher un cataclysme. Dans Mémoire de fille, Annie Ernaux a furieusement envie d’engloutir des sucreries au moment où elle s’impose des règles cruelles pour ressembler à l’image de l’ « autre fille », la rivale pour qui l’ « Ange » , son amoureux, l’a laissée tomber. L’envie menace ses études de lettres car : « est-ce qu’on a envie d’être assise sur un banc à gratter comme une écolière quand on a – même refoulée, niée – l’expérience sexuelle d’une femme[2] ? »

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Qu’est-ce qu’un CMPP pour les enfants ?

Voici le splendide film réalisé par les équipes des CMPP Kergomard, Sévigné et Victor Hugo des PEP76, en Normandie : https://rsva.fr/acteurs/cmpp-sevigne-les-pep-76/

Ainsi que les coordonnées du CMPP Henri Wallon à Roubaix, Tourcoing et Villeneuve d’Ascq : https://www.afeji.org/etablissement/cmpp-centre-medico-psycho-pedagogique-henri-wallon/

Celles du CMPP de Maubeuge : https://www.afeji.org/etablissement/cmpp-f-dolto/

Et enfin, celui de Dunkerque : https://www.afeji.org/etablissement/centre-medico-psycho-pedagogique-dunkerque/

Le repaire du coronavirus

En ce moment de confinement, nous avons l’occasion de voir se déployer la créativité des enfants. Et c’est une bonne question de tenter de comprendre ce qu’il veulent nous dire par là. Ces productions des enfants, prennent parfois la forme de la cabane dans le salon. Yoanna Sultan-R’Bibo (1) le souligne, c’est une pratique vitale pour l’enfant. Elle marque leur tentative de libération et de prise d’autonomie, bien sur. C’est leur réponse aux contraintes que beaucoup d’adultes tentent de leur imposer. Mais, pas seulement. Un enjeu bien plus important se cache derrière.

D’abord, il est clair que nous avons construit nos propres cabanes dans les bois. Et que ce moment a compté dans notre propre construction. Qui n’en a pas le souvenir ?

Dans la série « Anne with an E », l’adolescente a construit sa cabane dans la forêt. Ce lieu lui permet d’écrire et de rêver. Elle s’est « encabané» dans ses rêves, dit-on au Québec. Cet espace lui est indispensable et salutaire quand elle se trouve dans une impasse. Car, il s’agit aussi d’installer son fantasme, de le construire et d’apprendre à l’utiliser pour faire face à l’objet de son angoisse.

Kylian, 8 ans, vient de me montrer ce que cela pouvait signifier de construire sa cabane sous le lit à étage de sa chambre.

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Visage masqué, visage de bois, visage impassible…..

 

La contrainte dans laquelle nous sommes de porter des masques, y compris devant les tous jeunes enfants, en cette époque de déconfinement de l’épidémie de COVID 19, n’est pas sans effet sur les enfants que nous recevons en entretien……

Ce dont les pédiatres français se sont alarmé, le 13 mai 2020…… lire à cette adresse.

Le fait de porter un masque sur le visage, transforme ce visage. Le masque dévitalise le visage, il le « désanime », il le transforme en une chose neutre, sans vie. Affublé de son masque, ce visage devient « impassible ». Ce que les jeunes enfants ne supportent pas !

Les êtres humains ont besoin de la présence et de l’attention d’un autre être humain pour grandir, apprendre et vivre. C’est ce que montre l’expérience du « visage impassible », still face, de Edward Tronick, réalisée à Boston, 2012.

Dans cette expérience, nous voyons un bébé très vivant qui explore ce qui l’entoure, sous le regard bienveillant de sa mère. Puis, sa mère se tourne et prend un visage figé, inexpressif. Le bébé est alors de plus en plus angoissé. Continuer la lecture de « Visage masqué, visage de bois, visage impassible….. »

Mourez, disaient-elles ! L’écriture de Raymond Roussel

Pierre Henri Castel classe Raymond Roussel dans la catégorie des « fous littéraires  1 ». Foucault, Janet et Leiris s’y sont intéressé. Les similitudes avec James Joyce sont frappantes. Lacan y fait allusion dans ses Ecrits, il aurait essayé de le rencontrer (sans y parvenir ? 2). S’il n’est fou, Roussel est pour le moins une star !

Vu l’intérêt de Lacan pour Joyce, nous pouvons d’ailleurs nous demander pourquoi n’a-t-il pas beaucoup plus parlé de Roussel ?

Mais, la lecture de Roussel est difficile. Car il fait un traitement de la lettre qui ne parvient pas toutefois à la constituer en sinthome. Et cet échec le précipite dans le passage à l’acte.

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La psychanalyse est efficace !

L’évaluation de la psychanalyse est faite et documentée (depuis des années). Et les études sont multiples et diverses.

C’est simple :  » Les psychothérapies psychanalytiques et la psychanalyse sont efficaces pour le court terme, à la fin de la thérapie et plusieurs années après celles-ci. Elles engendrent des transformations durables sur le plan des symptômes et de la personnalité. Elle apparaissent souvent plus efficaces que la pharmacothérapie et conduisent à des économies substantielles « .

Rabeyron T. (2020), L’évaluation et l’efficacité des psychothérapies psychanalytiques et de la psychanalyse, L’Evolution Psychiatrique, 86 (3), 24-58